La lente réintégration des années 1920
Lettre de Marcel Brillouin à Ernest Solvay, 24 novembre 1918
Marcel Brillouin fait part à Solvay de son refus d’accueillir à l’avenir des Allemands dans les Conseils de physique. Il estime qu’il sera désormais impossible d’organiser des conseils semblables à ceux de 1911 et 1913.
Lettre de Marcel Brillouin à Émile Tassel, 26 décembre 1918
Marcel Brillouin est d’avis que l’Institut de physique devrait soutenir les physiciens dans les pays nouvellement créés afin de les protéger contre l’influence des savants issus des empires centraux.
La fin de la guerre n’apaise pas la fracture qui existe entre les scientifiques français et allemands. Marcel Brillouin, par exemple, refuse de renouer avec les Allemands. Sa rancœur s’étend même à certains savants des pays neutres (Pays-Bas et Suisse). Pour lui, une réunion internationale comme celles qui ont eu lieu avant la guerre est désormais impossible.
Note de Ernest Solvay « à propos de la lettre de Mr Brillouin », 5 janvier 1919
Ernest Solvay fait part de sa tristesse devant la réaction tardive des scientifiques allemands à la publication du Manifeste des 93.
Lettre d'Émile Tassel à Albin Haller, 7 février 1919
Émile Tassel fait part à Albin Haller de la position d’Ernest Solvay à l’égard d’un éventuel retour des Allemands au sein des Conseils de physique.
Lettre d'Hendrik Lorentz à Ernest Solvay, 10 janvier 1919, reproduite en partie dans PELSENEER Jean, Historique des Instituts internationaux de physique et de chimie Solvay, circa 1962 (non publié)
Lorentz y fait part de l'attitude qui doit prévaloir auprès des Allemands
Lettre de Hendrik Lorentz à Ernest Solvay, 10 janvier 1919
Hendrik Lorentz s'interroge sur l'attitude à avoir vis-à-vis des Allemands souligne les dangers de la révolution bolchevique
Hendrik Lorentz (1853-1928)
A contrario, pour Hendrik Lorentz, il est impensable d’ignorer les avancées allemandes en physique et de les exclure indéfiniment des conseils. À ses yeux, l’Institut international de physique Solvay doit être un moteur dans la science d’après-guerre. Aussi, en sa qualité de président du Comité scientifique et de ressortissant d’un pays neutre, s’emploie-t-il à jouer un rôle de médiateur entre les deux camps. Ménageant la chèvre et le chou, trouvant une oreille favorable auprès de Solvay, il parvient à éviter la dissolution de l’Institut de physique.
Lettre d'Armand Solvay à Octave Dony-Henault, 14 septembre 1926
Suite au décès d’Ernest Solvay, en 1922, son fils Armand reprend le flambeau.
Il fait part de son souhait de voir réintégrer des scientifiques allemands dans les Conseils Solvay, et ajoute que ce souhait a reçu l’approbation du roi.
Lettre de Hendrik Lorentz à Charles Lefébure, 3 avril 1926
Hendrik Lorentz a obtenu l’accord du souverain, qui approuve l’intégration d’Albert Einstein dans le Comité scientifique de l’Institut de Physique (remplacement de Heike Kamerlingh Onnes).
L’exclusion des scientifiques des anciennes Puissances Centrales n’aura aucun caractère formel et ne sera que temporaire. Elle durera jusqu’en 1927, à l’exception d’Albert Einstein, invité en 1921 et d’Erwin Schrödinger en 1924. Elle prendra fin à la suite des accords de Locarno en octobre 1925 et l’adhésion de l’Allemagne à la Société des Nations l’année suivante. ↠